Bob est un mec gentil, respectueux, doux, attentionné, un nice guy comme on dit. . . mais ça ne fonctionne pas tout à fait comme il le voudrait avec les filles, et il ne comprend pas pourquoi. Explications.
Prenons Bob
Agé d’un peu plus d’une vingtaine d’années, Bob est un mec sympa, raisonnablement cultivé, relativement bien éduqué. Sans être une gravure de mode, il n’est pas moche non plus. Peut être qu’il gagnerait éventuellement à faire un peu de sport et à s’habiller un peu plus mieux, mais bon, dans l’ensemble, Bob est *normal*.
Il mène la petite vie tranquille d’un mec de son age : il est étudiant, il a un job (de merde), dépense son argent de poche en DVD, cache des vidéos porno sur son disque dur, et le samedi, Maman lave ses chaussettes. Tout va bien, la vie est belle.
Bob est aussi un garçon poli – il dit bonjour à Madame Gaudin quand il la croise dans les escaliers, remercie la boulangère et, d’une manière générale, il a plutôt tendance à prendre sur lui en cas de conflit. Ni spécialement transparent, ni vraiment extravagant, Bob est de ceux dont on oublie le nom après quelques années.
Bob respecte son prochain, et tout particulièrement les FEMMES. Il éprouve pour elles un sentiment mêlé d’admiration et de compassion : elles souffrent tellement, le monde, la société, impitoyables et cruels, exigent tant d’elles. . . Bob est plein de bonnes intentions envers les femmes et n’a qu’une seule envie : leur crier son amour et son envie de toutes les protéger. A priori, pas de quoi lui reprocher quoique ce soit, à ce niveau là, et le monde gagnerait sans aucun doute à ce que plus de gens soient comme lui.
Seulement voilà : Bob n’a jamais l’occasion d’exprimer ses bons sentiments, pour la simple et bonne raison qu’il n’a jusqu’à présent eu que de rares relations, et aucune n’a duré plus de quelques jours, sans qu’il sache trop pourquoi.
C’est la fête
Admettons que Bob ait récemment rencontré une fille, Cindy, à la dernière soirée SupDeCo, en boite (où l’auront trainés ses potes, contre sa volonté : Bob DETESTE les boîtes de nuit). Du coup, Bob est aux anges. Elle est en fac de psycho, elle a un an de plus que lui, elle est assez jolie, elle a de la conversation et un 85C qui devraient rendre tous ses potes jaloux.
Comme ils ne peuvent pas trop se voir en semaine, Bob a explosé son forfait SFR. D’ailleurs, il est le seul à appeler, mais il s’en fout : il comprend qu’elle n’ait pas forcément le temps de lui répondre, et puis, ce qui compte, c’est de faire savoir à sa nouvelle chérie à quel point il est content de l’avoir rencontré.
Bob sent que quelque chose est possible. Il se prend même à rêver : ET SI… c’était la bonne ? Et si ils étaient faits l’un pour l’autre ? Bob se promet que « avec celle-là », ça se passera bien. Il est décidé à tout faire pour que ça marche. Elle est trop bien, il a pas le droit de louper sa chance. Cette fois-ci, Bob est bien décidé à faire preuve de bonne volonté, et de montrer à cette petite veinarde de Cindy qu’il est le mec idéal, le mec dont rêvent toutes les nanas. Il sent qu’il a une longueur d’avance : à force d’écouter ses copines se plaindre à propos des mecs (”y’en a marre, pourquoi on tombe que sur des connards”), Bob a bien compris ce que voulaient les femmes : un mec doux, sensible et attentionné, et surtout pas un connard.
Bob est confiant : il est l’exact portrait de ce mec parfait, là dessus, il fait de son mieux.
Rendez-vous romantique
Pour leur premier rencard, Bob lui a donné rendez-vous dans un petit bar qu’il connaît bien : c’est le même bar où il passait des heures au temps du lycée. Il n’en connait d’ailleurs pas d’autres, et puis, ici, c’est bien : il y a ses habitudes. Il est arrivé une demi-heure en avance, pour être sûr. Et maintenant, la miss a une demi-heure de retard, Bob commence à stresser.
Ses mains sont moites, il transpire un peu. Il se dit qu’il doit pas se louper, que c’est le moment de faire ses preuves. Finalement, Cindy finit par arriver, pas trop essouflée, pour quelqu’un qui a près d’une heure de retard.
- Cindy : “Salut, excuses-moi, je suis en retard, ma voiture ne démarrait plus. “.
- Bob : “Heuuu… Ahh ben merde, je suis désolé, bien sûr que non je t’en veux pas. . . Heuu. . . tu veux commander ? ”
Bob se dit que ça serait une mauvaise idée de lui faire remarquer que son excuse est bidon. Il laisse donc pisser.
Bob est nerveux, ne sait pas où mettre ses mains, ni quoi faire avec : doit-il caresser celles de Cindy ? Il a déjà vu faire ça à la télé… Oui mais si elle ne veut pas ?
Doit-il lui faire du pied ? Rah bordel pourquoi personne lui a jamais appris ça ? Dans sa confusion, il n’a même pas remarqué que Cindy lui avait fait la bise en arrivant.
S’ensuit alors une conversation laborieuse, ponctuée de bafouillements et de silences gênés, lui qui ne sais pas trop quoi dire à Cindy, qui ne sait pas trop quoi dire non plus (et qui attend vaille que vaille que ça se passe). Elle s’ennuie un peu, et Bob stresse de plus en plus. Ca a l’air plus facile dans les films.
Malgré tout, l’heure tourne, la nuit commence à tomber. Les deux ont un peu faim. Cindy aimerait bien s’échapper, mais Bob parvient à la convaincre d’aller manger un morceau – c’est lui qui l’invite, il y tient – et il insiste. Bob règle l’addition au barman – 23 €, c’est Paris.
Cindy, qui sent bien que ça lui fait plaisir (et qui n’a pas un rond), accepte bon gré mal gré. Après tout, on ne sait jamais.
Arrivés à Hippopotamuche, Bob se précipite à ses devants pour lui tenir la porte (sympa), se précipite devant elle pour lui tirer la chaise (classe !) et choisit pour elle ce qu’elle va prendre (comme dans les films). . .
- Cindy : Non mais j’ai vraiment pas faim je t’assure, une salade ça ira. . .
- Bob : Non non, attends faut vraiment que tu goûtes ça, si tu connais pas tu vas adorer ! “Une entrecôte d’autruche sauce poivre vert avec des airelles et du ketchup s’il vous plait monsieur”, dit-il au serveur vaguement amusé (et qui fait de l’oeil à Cindy).
Cindy remercie, un peu gênée, en se demandant si finalement, ce rencard était une bonne idée. La repas se déroule lui aussi dans une ambiance inconfortable, rythmée par le long monologue de Bob, qui explique à Cindy les subtilités de la bourse, et essaie de lui faire apprécier l’intérêt des call et des put, puis enchaîne sur son PEA, et ses projets d’avenir. Bob est un mec sérieux, il a déjà tout prévu. « Si tu veux, après je t’emmènerai voir le terrain. . . là mes parents y mettent la caravane, mais un jour il sera à moi, et je pourrai y faire construire ma maison . . . la mienne et celle de la femme qui partagera ma vie ». Cindy acquiesce en roulant des yeux (« et après il faudra vraiment que j’aille vomir »).
Puis, entre un exposé sur l’insupportable perte de vitesse du romantisme, qui à son sens traduit assez bien l’état avancé de décrépitude et de la décadence de la société, et les cycles de reproduction des labradors, Bob la prend par surprise.
- Bob : “J’ai un petit quelque chose pour toi. . . ”
Cindy, interrogative, s’attend au pire.
- Bob : “Oui, voila, je trouve que tu es une fille géniale, et donc voila, pour marquer le coup, pour partir du bon pied, je me suis dit que je pourrais t’offrir un petit quelque chose…Alors voilà, c’est trois fois rien…. »
- Cindy: (Aaaaargh il va me demander en mariage au secours !!) “Nan attends je peux pas accepter, tu rigoles c’est trop . . . ”
- Bob : “Nan nan allez fait pas ta difficile : je sais ce que vous les femmes vous supportez au quotidien, et je veux que tu saches que tu as trouvé un mec qui sera toujours là pour toi, quoiqu’il arrive. . . ”
Et pouf, il lui sort une bague (affreuse), commandée à La Redoute, et qu’il gardait dans son tiroir de commode depuis des années, dans l’attente d’une soirée comme celle-ci.
Cindy feint le ravissement : “Merci tu es trop mignon (au secours sortez moi de là) » et lui fait la bise.
Du coup, Bob obtient de Cindy qu’il la raccompagne chez elle. Bob ne parle pas trop dans la voiture : il se concentre sur sa conduite. Il n’a pas envie que sa copine le prenne pour un irresponsable qui fait n’importe quoi pour épater les nanas. Il est bien décidé à ne faire aucune erreur.
Arrivés sur le pas de la porte de Cindy :
- Cindy : “Bon beeeeen c’est pas qu’il est tard, mais je me lève tôt demain j’aiiiii. . . heu. . . . un cours de yoga, faut que je sois en forme. . . Ah tiens au fait, la bague me vas pas, faudrait que tu la rapportes à la bijouterie pour la faire agrandir ok ?”
- Bob : “Ah heu… Ah bon t’es sûre ? Tu veux pas que je monte prendre un dernier verre ?”
- Cindy : “Nan sérieux, j’adorerais, mais là je suis vraiment trop claquée, j’ai passé une super soirée, mais ça serait pas raisonnable. . . ”
- Bob : “(merde) Ah bon. . . Bon je comprends, tant pis, on reporte à plus tard, ok ?”
- Cindy (ouais ok c’est ça t’as de l’espoir) “Sans problème !”
- Bob : “Je t’appelle”
- Cindy : “Ok ça marche, bisous bonne nuit”
-Bob : “Bisous chérie, heu . . . je. . . je t’aime”(Cindy serre les dents et ravale son vomi).
Impressions à chaud
Rentré chez lui (enfin… chez maman) Bob est extatique : il a car-to-né.
Quand ses potes entendront ça, ils seront verts de jalousie. En plus elle est trop trop bonne. Et devinez quoi ? Il a bien senti qu’il avait fait son effet, que la demoiselle n’était pas indifférente à ses charmes : il va se la faire, c’est sûr !!
Bob est plein d’orgueil : il prend enfin sa revanche sur tous ces connards qui font pleurer les filles, qui les baisent et les jettent juste après. Ce soir il n’éprouve que mépris envers eux, et a le sentiment d’avoir pris sa revanche sur la Terre entière. Ce soir, Bob se paye le luxe de se payer un porno sur le câble : c’est la fête, et puis faut bien relâcher toute cette pression :)
Cindy, elle, souffle, adossée contre sa porte (verrouillée à double tour, on sait jamais, des fois qu’il revienne), les chaussures à la main, le cœur au bord des lèvres.
“Non mais attends, c’était quoi ce mec ? Une serpillière ?”
Elle a rarement passé une soirée aussi merdique.
“Et le coup de la bague, au secours ! Il s’emballe un peu ce blaireau, faudrait pas qu’il se fasse ses films non plus : après c’est quoi, le mariage, les gosses, le labrador et la tondeuse dans le petit abri en bois, au fond du jardin ?”
Cindy se demande comment elle va faire pour s’en débarrasser – parce que les mecs comme ça, malheureusement, elle connaît : il va s’accrocher, pleurnicher, faire du chantage, c’est sûr, et en plus elle va devoir se taper le sentiment de culpabilité s’il essaie de se suicider. Finalement, elle décide de se changer les idées : elle attrape son téléphone, et appelle ses copines. Vingt minutes plus tard, elle est en route pour les rejoindre en boite, histoire de rattraper cette soirée de merde.
“La nuit n’est pas terminée, attention les minets, Cindy la bombasse arrive, gare à vos slips !!!!”
Le rateau.
Deux jours plus tard, Bob fronce les sourcils en lisant le texto qu’il vient de recevoir.
“Je suis désolée, ça va pas coller : vaudrait mieux qu’on prenne du recul, ça va trop vite, et je suis pas sûr d’être celle que tu mérites. Changes rien, t’es génial avec les filles, c’est juste que je pense que tu mérites mieux que moi, et je préfères qu’on reste amis”.
Bob se gratte le crâne. Il ne comprend pas.
Qu’est ce qui s’est passé ? Pourtant quand il l’avait au téléphone, tout avait l’air d’aller comme sur des roulettes : il l’appelait le matin pour lui dire qu’il l’aimait. . . Il lui envoyait un texto 2 fois par jours, et l’appelait dans la journée pour savoir comment allait “son petit lapin d’amour”. . .
Bob est largué, il ne comprend pas ce qui a merdé. Il a la vague impression de s’être fait rouler : “cette Cindy, elle s’est bien foutu de ma gueule !”.
D’ailleurs, c’est toutes des putes. Bob en a marre.
Si c’est comme ça, ce soir il se bourre la gueule à la bière avec ses potes : ce soir, c’est pizza console entre puceaux. Et après ils iront jouer à Counter Strike dans un cyber.
Bob est triste, déçu et énervé. Il en veut à toutes les femmes, il leur en veut d’être parfois si stupides, au point de ne pas savoir saisir leur chance quand un mec « bien » et plein de bonnes intentions se présente, et qui préfèrent invariablement le premier connard qui passe.
Découragé, Bob laisse tomber, malgré la douleur. La prochaine sera la bonne. Oui, mais quand ? Bob ne préfère pas y penser : rester lui-même, c’est tout ce qui compte, le problème ne vient pas de lui, il fait tout comme dans les films. Et demain est un autre jour (qui sera en tout point semblable à celui-là).
Conclusions
Evidemment, le cas de notre ami Bob est exagéré, c’est caricatural, nous sommes d’accord (encore que).
Mais franchement ? Vous n’avez pas un pote qui lui ressemble ? Peut être même que VOUS lui ressemblez… Non ? Allez, je sais bien que si : réfléchissez 2 minutes : vous connaissez forcément quelqu’un comme Bob.
Son problème, ce n’est pas qu’il n’a pas de chance, qu’il ne rencontre pas les bonnes personnes : c’est tout simplement qu’il ne s’y prend pas comme il le faudrait, pour la bonne et simple raison que ses préjugés tenaces à propos des hommes, des femmes, de la drague et de la séduction faussent complètement ses rapports avec les femmes.
Cindy n’est pas plus conne qu’une autre fille, et s’il avait su s’y prendre, peut être auraient-ils eu une histoire formidable. Des vacances au soleil, des après-midi câlins, des engueulades dans la cuisine, des cochonneries sur le canapé, etc. Bob a eu sa chance, mais par inexpérience, et parce qu’il se méprend sur beaucoup de choses, il n’a pas su la saisir, là où un autre aurait trouvé son bonheur sans peine.
Seulement, combien de temps avant que Bob accepte de reconnaître que le problème vient PEUT ETRE de lui ?Combien de temps avant qu’il ne s’en rende compte ?Pour l’instant, il est persuadé d’avoir compris. D’avoir une longueur d’avance sur les “blaireaux” (qui, accessoirement, se trouvent des copines, eux). Y’a un truc pas logique, mais Bob ne voit pas d’où ça vient (et refuse d’admettre que ça coince).
Pour lui, c’est “la faute à pas de chance”. Un jour peut être, lassé de se faire larguer comme une chaussette, de ne pas parvenir à retenir l’attention des filles, il ira sur Google, et tombera sur Frenchtouch Seduction, ou tout autre site traitant du sujet de l’art délicat de la vie en société, et des relations hommes / femmes.
Et là, peut être qu’il aura le déclic: il fait fausse route, et ce site est une mine d’or pour les gars comme lui, qui bien qu’intelligents et gentils, se trompent ET sont DECIDES à changer ça. Il a encore beaucoup à apprendre, et FTS est exactement ce qu’il lui fallait : des conseils et de l’aide, et des mecs qui comme lui se sont trompés, et sont parvenus à progresser.
Peut être aussi, c’est fréquent, qu’engoncé dans son orgueil, il refusera de mettre en cause son jugement, et trouvera que FTS est un site de beaufs, et ira crier au scandale sur un forum d’informatique ou de dépressifs chroniques pour se rassurer auprès d’autres personnes “comme lui” :) ? . . . Qui sait ?Souhaitons lui bonne chance en tout cas, son périple n’est pas terminé.